Depuis deux ou trois ans, le marché de l’internet et de la téléphonie mobile en Afrique connaît une véritable ruée vers l’or de la part des entrepreneurs étrangers. Persuadés que la révolution internet en cours sur le continent sera bientôt une source de profit incomparable, les leaders internationaux comme France télécom ou Vodafone se livrent une bataille impitoyable pour avoir chacun sa part du gâteau.
La raison : la multiplication des câbles sous-marins en fibre optique (un seul câble sous-marin en janvier 2009 contre 14 d’ici mi-2012) qui rend le continent moins dépendant des satellites, qui accélère et augmente la capacité et la vitesse de connexion, faisant ainsi chuter les prix. Ces câbles devraient relier les serveurs d’Europe et d’Asie à l’Afrique. Une aubaine que les grandes structures européennes et asiatiques ne souhaitent surtout pas manquer. Elles misent donc sur la pénétration croissante de l’internet et des téléphones portables pour contrôler de plus en plus ce marché en pleine effervescence. « Chaque jour, je reçois des appels d’entreprises de téléphonie mobile qui cherchent des renseignements sur le marché africain », a indiqué à l’Afp, Antonie Roux, responsable du secteur internet pour le groupe d’investissement sud-africain Naspers.
Selon une étude d’Ernst & Young, un des principaux cabinets d’audit au niveau mondial, rendue publique en juin 2009 à Abidjan, l’Afrique a enregistré, depuis 2002, le taux de vente des téléphones portables le plus rapide du monde, soit 49,3%. Ainsi, avec 333 millions d’utilisateurs de téléphone mobile aujourd’hui contre 88 millions en 2005, le continent connaît un taux de pénétration de près de 37%. Un taux qui passera à 61% en 2018. Pour Serge Thiémélé, responsable Afrique de ce cabinet cité par le journal Les Afriques, cette forte croissance est due à la libéralisation du marché. « Le développement des télécommunications a été soutenu par des économies africaines en pleine croissance, tirées par le boom des matières premières et la libéralisation accrue des marchés », a-t-il expliqué. Ainsi, le marché africain de la téléphonie mobile dépasse même désormais celui de l’Amérique du Nord. Pour de nombreux Africains, le téléphone portable est le seul moyen d’accéder à Internet en raison de la mauvaise qualité des lignes fixes ou de leur absence. Selon les statistiques de l’Union Internationale des Télécommunications (Juin 2008), le Nigéria avec ses 10 millions d’utilisateurs, vient en tête des dix pays africains où l’on dénombre le plus grand nombre d’internautes. Ce qui n’est pas vraiment une surprise quand on sait que ce pays est présenté comme l’un des plus grands et des plus dynamiques marchés de télécommunications en Afrique.
Cependant, la première marche du podium de ce marché de l’internet et de la téléphonie mobile est occupée par une compagnie « locale ». En effet, le géant sud-africain, MTN Group est depuis plus de dix ans, le principal fournisseur de services de communications et cellulaires en Afrique. Côté à la bourse de Johannesburg, en Afrique du Sud, il comptait, en 2009, 100 millions d’abonnés contre 14,3 millions en 2005, pour l’ensemble de ses activités sur tout le continent africain, en plus des pays comme l’Afghanistan, Chypre, l’Iran, et le Yémen. Vient ensuite le groupe français Orange, filiale de France télécom, présent en Afrique depuis 2002. Il est le plus grand opérateur de téléphonie mobile européen en Afrique avec plus de 45 millions d’abonnés . Il est présent en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, en Tunisie, au Cameroun, en Égypte et au Sénégal. Le groupe britannique Vodaphone Group, leader mondial dans ce domaine et le groupe kowetien Zain se disputent la troisième place. Le premier, présent au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique et en République démocratique du Congo, a racheté en 2008, le numéro Un sud-africain de la téléphonie mobile, Vodacom, pour 2,4 milliards de dollars. Il est également propriétaire de 70% du capital de Ghana Telecom, troisième opérateur du pays. Le second, avec ses 40 millions d’abonnés sur le continent, est aussi présent en Afrique avec le rachat en 2008 de Celtel, l’un des plus importants opérateurs africains, ce qui l’a conduit à se positionner dans plusieurs pays africains comme le Burkina Faso, le Tchad, la République du Congo, la RDC, le Gabon, le Kenya, le Malawi, au Niger, le Nigeria, la Tanzanie et l’Ouganda.
La course vers ce marché africain est loin d’être terminée avec notamment l’arrivée des pays émergents comme l’Inde qui viennent également tenter leur chance.
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