24 septembre 2009
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Coopération : Le "bingo pour l’Afrique" d’Alain Joyandet | |||||||
Pour pallier l'insuffisance de l'aide publique au développement, Alain Joyandet, le secrétaire d'État français chargé de la Coopération et de la Francophonie, propose la création sur Internet d’un jeu de hasard dont une partie des mises serait reversée à l’Afrique. L’idée, qui n’est pas nouvelle, est très fortement controversée par les ONG européennes, amies du continent noir. | |||||||
Joyandet pense que son loto rentrerait dans le cadre des « financements innovants » que les pays de l’OCDE cherchent à mettre en place afin d’accroître l’aide au développement. L’idée n’est pourtant nullement nouvelle. Elle a été émise pour la toute première fois par l’ONU dans les années 70. Suggérée par la France, elle manque de sérieux au moment où les Américains et les Chinois proposent de véritables partenariats d’affaires aux Africains. De même, elle est grossière et misérabiliste en ceci que les 10 millions d'euros qu’elle pourrait rapporter chaque année ne représente résolument rien par rapport aux estimations des experts qui portent les besoins de financement du continent, pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), à 105 milliards d’euros. L’idée suscite d'ailleurs l’ire de certaines ONG et la prudence des professionnels des jeux. Tout d’abord, le gain pour le continent noir préconisé par Joyandet est bien minuscule par rapport à ce qu’a rappelé, à titre d’exemple, un porte-parole de la Française des Jeux : «2,5 % du chiffre d’affaires de la Française des Jeux, soit 220 millions d’euros en 2008, vont au financement du sport en France». Pour sa part, l’association "Survie", a rappelé, non sans ironie, que l’idée de Joyandet n’est qu’une énorme farce si l’on tient compte de ce qu’elle ne pourrait rapporter à l’Afrique que «à 1 ou 2 % des sommes que les pauvres Africains parient sur les canassons des hippodromes français» depuis l’implantation de la filière des Pari mutuel urbain (PMU) en Afrique noire. L’auteur de l’article note en effet que «en 1996, peu après le début de la collecte par le PMU français de paris en Afrique, le chiffre des mises, pour 10 pays africains, était de 11 milliards de francs français, soit presque 168 millions d’euros. Depuis l’entreprise s’est étendue à 14 pays et ses paris ont connu une croissance exponentielle. La plus grande opacité règne sur les montants en jeu – on parle de 45 millions d’euros annuels pour le seul Cameroun.» Le réseau des PMU en Afrique, taxé de «véritable tirelire de la France», est un scandale pour l’ONG Survie. «La collecte des paris est faite soit par des loteries nationales, LONACI de Côte-d’Ivoire, soit par des sociétés privées, PMUC au Cameroun, PMUG au Gabon. Ces dernières appartiennent à des hommes d’affaires corses comme Michel Tomi et consorts, qui ont une notoriété de fort mauvais aloi, ayant défrayé en France la chronique judiciaire.» L’association Oxfam France-Agir Ici dénonce le fait que la France espère, avec ces financements innovants, "gonfler artificiellement son aide publique au développement". Et d’estimer que ceux-ci, "ne doivent en aucun cas être le moyen de combler le retard pris". La France, comme les autres pays de l’Union européenne, aura en effet bien du mal à tenir son engagement à consacrer 0,7% de son PIB à l’aide publique au développement d’ici à 2015. Pour mettre en pratique son idée, Alain Joyandet a choisi 2010 du fait que ce sera l’année de l’Afrique et celle de la coupe du monde en Afrique du Sud. Le Bingo controversé du secrétaire d'État français à la Coopération et à la Francophonie se jouera-t-il? |
Publié par gaboneco.com
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