A: Badel Ndinga Ndanga
Ministre de l'Indusrie, des Mines et du Développement technologique
Monsieur le Ministre,
La population camerounaise est au courant de la découverte d'une réserve de diamants estimée à environ 736.000.000 carats dans les localités de Mobilong et Limokoali près de Yokadouma dans la région Est. Cette découverte offre au Cameroun, non seulement la possibilité d'être un chef de file en tant que producteur de diamant, mais rehausse également ses perspectives de redressement économique. Toutefois, la population du Cameroun est attristée par les nouvelles entourant les conditions de cette découverte:
- Tout d'abord, il est impossible d'imaginer que la découverte soit internationalement attribuée au chercheur Kim Won-sa, après que celui-ci ait passé seulement DEUX semaines au Cameroun. La logique voudrait qu'il ait reçu des tuyaux de la part de villageois de la région ou d'un scientifique camerounais. Alors, pourquoi le Cameroun lui laisse-t-il la reconnaissance internationale pour la découverte?
-
- Deuxièmement, l'exploitation des mines est censée débuter en 2009, la Corée embauchant SEULEMENT 4000 personnes au Cameroun et envoyant le matériau brut en Corée pour traitement. Les revenus de l'exploitation iraient à 80% à la Corée et à 20% au Cameroun. Pourquoi nous laisser duper en plein jour alors que nous avons le pouvoir de dicter la façon dont nos ressources naturelles devraient être utilisées? Pourquoi laissons-nous 80% du pactole à la Corée juste parce qu'un scientifique est venu au Cameroun pour deux semaines et que la trouvaille lui est prétendument attribuée? Pourquoi laisser à la Corée le soin du financement de la mine estimé à environ 500 milliards de Francs CFA pour les 25 prochaines années? Ne pourrions-nous pas financer nous-même l'opération ou encore contracter un prêt sachant que le rendement surpasserait largement l'investissement? Notre avenir nous laisse-t-il si indifférents que nous en laissions la gestion à la Corée?
-
- Troisièmement, il est de notoriété publique qu'en Egypte, en Arabie Saoudite et dans tous les autres pays producteurs de richesses naturelles la plus grande part revient toujours au pays d'origine. A titre d'exemple, si un archéologue venait à faire une découverte se rapportant à l'Egypte ancienne il ne pourrait pas s'accaparer la trouvaille, sans l'autorisation expresse du gouvernement égyptien. Dans la plupart des cas, les découvertes faites en Egypte, DEMEURENT en Egypte et profitent au tourisme local en attirant des visiteurs du monde entier. En Arabie Saoudite, le pétrole brut n'est pas expédié aux États-Unis pour y être produit. Il est plutôt raffiné et transformé localement. Ce qui crée par la même occasion des emplois et des possibilités de transfert de technologies et forme des autotochtones à maîtrise de l'art du traitement du pétrole. Savez-vous ce qui s'est passé juste après la découverte du pétrole en Arabie Saoudite? Le gouvernement a engagé des scientifiques et a exigé que chaque équipe scientifique comprenne un Saoudite. Quand il n'y avait pas assez de Saoudis pour remplir ces rôles, de jeunes étudiants ont été envoyés en formation dans les pays industrialisés et à la fin de leur formation, ils ont été récompensés par des postes de responsabilités dans leur patrie. Cette pratique a permis à l'Arabie Saoudite non seulement d'être un producteur de pétrole brut mais aussi de disposer de spécialistes dans l'art de la production et de l'exploitation du pétrole. Pourquoi ne pas suivre de tels exemples? Avec un gisement équivalent à cinq fois la production mondiale, pourquoi laisser la Corée profiter de nos ressources et nous contenter de 4.000 emplois créés et 20% des bénéfices?
-
- Monsieur le Ministre, au vu des lamentables termes d'exploitation de la nouvelle découverte minière dans la région orientale, voici quelques EXIGENCES du peuple camerounais à l'endroit de son gouvernement:
- Le peuple camerounais, exige que les diamants trouvés au Cameroun soient EXPLOITÉS au Cameroun. Le peuple camerounais ne peut pas se contenter de SEULEMENT 4000 emplois, qui seraient du reste des emplois non-qualifiés à caractére artisanal alors que la perspective de la transformation de l'ensemble de la société et la création d'une puissance économique de classe moyenne pointe à l'horizon.
-
- Le peuple camerounais, exige que le gouvernement supporte les charges financières liées à ce site afin d'obtenir un retour maximum sur investissement. Nous refusons la gestion par la Corée de l'aspect financier du site, parce que ce seul fait lui donne le pouvoir de contrôler l'embauche, les décisions prises ainsi que l'estimation exacte de la production et des recettes. Nous sommes loin d'être parfaits, néanmoins, nous voulons que nos ressources soient utilisées par nous-mêmes et non par un pays étranger dont le seul but est l'exploitation.
-
- Nous exigeons que le gouvernement s'attele à la formation de citoyens camerounais dans l'industrie du diamant afin de préparer son peuple à prendre le plein contrôle de sa production, de sa fabrication et de son exportation dans un proche avenir. En laisser la charge à la Corée ne profitera qu'au gouvernement coréen et non à nous, camerounais. Les 20% que le Cameroun est censé percevoir de l'exploitation de ces mines ne seront jamais en mesure d'améliorer l'économie camerounaise et encore moins de lui forger une place dans le monde industriel.
-
- Le Cameroun devrait avoir 80% des bénéfices et non 20%. Le contraire serait non seulement une insulte à l'intelligence de TOUS les Camerounais, mais à l'ensemble du continent africain. Il n'y a pas si longtemps que la Corée et le Cameroun étaient considérés comme des pays aux conditions de vie similaires. Alors pourquoi laisser une économie en croissance comme la Corée dicter notre avenir? Allons-nous de l'avant ou à reculons? Les récents événements en Amérique sont la preuve que le changement n'est pas gratuit mais qu'il faille se battre pour l'obtenir. Nous devions dicter ce changement, pas le subir.
-
Monsieur le ministre, si rien n'est fait dans le sens de ces exigences, le pays tout entier se lèvera et exigera le changement. Nous allons mener une cyber-guerre qui exposera la négligence et la corruption d'un gouvernement qui se contente de miettes tombant de la table quand il peut disposer de la totalité du repas. Nous le ferons avec avec véhémence et persistance. Nous le ferons avec défi et indignation. Nous le ferons avec courage et bravoure. Nous le ferons parce que nous savons, qu'il est temps pour l'Afrique, de commencer à se diriger par elle-même, qu'il est temps pour l'Afrique de commencer à élaborer son propre avenir, qu'il est temps pour l'Afrique de se réveiller de l'exploitation coloniale et d'imposer son influence dans le monde, qu'il est enfin temps pour l'Afrique, de reconnaître que, YES WE CAN.
commenter cet article …