Après les arnaques, les attaques contre des personnes bien identifiées prennent de l'ampleur.
L'affaire défraie encore la chronique auprès des internautes camerounais. En mi-février 2009, un message signé d'une certaine Vandoline Mbeng, élève à Progressive Bamenda, est diffusé sur Internet. Son contenu ? un journaliste en service à la Crtv, bien identifié dans ce mail envoyé à des milliers de personnes, est accusé d'avoir, de manière délibérée, transmis le virus du sida à cette fille. Cette dernière entendait alors à travers ce message alerter toutes les filles qui pourraient faire la connaissance de ce jeune homme d'une trentaine d'années. Ebranlé par cette information, harcelé par sa famille et ses amis, Georges Kilong, le mis en cause va d'abord faire une réaction par la même voie : Internet. Comme les internautes, il se pose quelques questions sur la véritable nature de cette Vandoline Mbeng. Existe-t-elle ? Si oui, est-elle connue de ce monsieur ? Les "faits" ainsi portés au public sont-ils exacts ?
Alors que certains internautes ont aussi commencé à démontrer que cette histoire serait montée de toutes pièces pour nuire à la réputation du journaliste, ce dernier n'a pas tardé à trouver l'auteur de ce mail et a porté l'affaire devant les tribunaux. "J'avais la pression de mon entourage, (collègues, parents et amis…) J'ai réagi pour une question de sécurité. Si je ne dis pas au monde entier que je ne me reconnais pas dans cette histoire, ma vie risque d'être menacée", confie-t-il au quotidien Le Messager. Avant d'ajouter qu'il ne connaît pas cette fille. "Le nom non plus ne me rappelle rien. C'est un montage que des gens ont tissé pour me nuire et salir ma réputation. D'ailleurs, depuis que j'ai fait une publication sur Internet, où j'invite cette Vandoline Mbeng, ou des membres de sa famille (au cas où elle serait déjà morte) à se présenter à n'importe quel poste de police avec ou sans les résultats du test qu'elle prétend que je lui ai montré, personne ne s'est encore pointé. Des gens ont même proposé leur aide sur Internet, mais cette personne n'a jamais réagi".
Comptes bancaires
Toujours chez notre confrère Le Messager, le journaliste croit connaître ses détracteurs. Il soupçonne l'épouse de son ancien camarade d'école. "Lorsque je fais le rapprochement, je constate que la nouvelle s'est propagée quelques jours après que j'ai eu des ennuis avec la femme de ce camarade-là. Elle m'accuse d'être sorti avec ses deux sœurs". Georges Kelong raconte que cette femme aurait aussi essayé de briser son foyer. "Elle a appelé mon épouse un soir, lui disant qu'il faut qu'elles causent d'urgence. Lorsqu'elle est arrivée, elle lui a dit qu'elle m'avait vu au carrefour Obili entrain de faire l'amour avec une femme dans ma voiture", déclare t-il. Il aurait également reçu des appels anonymes du fiancé. "Compte tenu de tous ces paramètres, j'ai décidé de porter plainte à la Brigade de recherche d'Efoulan, pour diffamation et menaces sous conditions", conclut-il.
A Douala, il y a quelques jours, un autre message a été envoyé aux internautes pour les mettre en garde contre la nourriture servie dans un restaurant situé au lieu dit "Quatre étages" à Bonabéri. L'auteur du mail indiquait qu'à "la suite des révélations de la chaîne chrétienne, Emmanuel Tv, il (le restaurant, ndlr) vient brutalement de fermer ses portes. Sa tenancière est en fuite". Selon ce courrier, "frappée par une paralysie chronique du côté droit, la tenancière dudit restaurant se rend auprès du pasteur, le prophète Tb Joshua pour obtenir sa délivrance. Les faits se déroulent à Lagos, au cours du culte dominical de dimanche. C'est ainsi qu'interpellée, la dame va s'avancer vers le pasteur qui, à sa demande, passe aux aveux complets. Des circuits de ravitaillement, en passant par la cuisson, jusqu'au service, elle va éclairer l'assistance sur le commerce macabre de chair humaine dans son restaurant". C'est ainsi que réagissant à la suite de ces révélations, le mail précise que "la population vient de détruire ledit restaurant en l'absence du propriétaire en fuite". Recoupements faits, un restaurant qui existe bel et bien au lieu indiqué n'a jamais été détruit. Mais sa propriétaire, malade, affirme n'être jamais passée sur la chaîne de télévision sus citée.
Même si ces deux affaires sont les plus récentes, d'autres dérapages ont déjà été observés. Au Cameroun, il y a d'abord eu cet épisode d'une jeune fille, présentée alors comme une étudiante de l'université de Buéa dont les photos, en tenue d'Eve, avaient fait le tour du monde. Plusieurs sources indiquent à cet effet que la jeune fille avait fini par se suicider, excédée par cette surexposition de ses photos. D'autres messages qui exposent aussi, pas la vie des internautes, mais leur fortune, c'est celui envoyé par des soit disant ayant droits des dictateurs africains décédés. Ils peuvent prendre la forme des fils de Sany Abacha, ou tout autre président africain mort. Certains comptes bancaires de plusieurs internautes, qui ont pris le risque de les envoyer à ces individus, ont tout simplement été vidés.